lointain, aine

• 1Qui est éloigné du pays où l'on est ou dont on parle. ....De là nous sont venus Tant d'arbres excellents autrefois inconnus, Ou qui ne se plaisaient qu'aux plus lointaines terres. [Perrault, Ép. à la Quintinye.] Des entreprises lointaines réussissent rarement. [Voltaire, Annales de l'Empire depuis Charlemagne] Il reviendra vainqueur de ces lointains rivages. [Ducis, Othello ou le more de Venise] Climats lointains. [Ducis, Oscar]

  Qui est à une grande distance. Quand, sorti vers le soir des grottes reculées, Il s'égare à pas lents au penchant des vallées, Et voit des derniers feux le ciel se colorer, Et sur les monts lointains un beau jour expirer. [Chénier, Élégies]

  Il se dit aussi quelquefois du temps. Les siècles les plus lointains. Oh ! dans ces jours lointains où l'on n'ose descendre, Quand trois mille ans auront passé sur notre cendre, à nous, qui maintenant vivons, pensons, allons. [Hugo, Les voix intérieures]

• 2 nm Plan situé dans l'éloignement. On voyait en lointain une ville naissante. [La Fontaine, Filles de Minée.] Le goût des points de vue et des lointains vient du penchant qu'ont les hommes de ne se plaire qu'où ils ne sont pas. [Rousseau, Julie, ou la Nouvelle Héloïse] Voyez dans le lointain Capoue ; elle a vaincu le guerrier dont l'âme inflexible résista plus longtemps à Rome que l'univers. [Staël, Corinne, ou l'Italie] Il [le fleuve] serpente et s'enfonce en un lointain obscur. [Lamartine, Méditations poétiques]

  En peinture, le lointain d'un tableau, le plan le plus reculé, celui qui montre les objets plus ou moins noyés dans le vague de la perspective. Le peintre, dit-on, aurait pu finir davantage ces carnations, ces lointains. [Fénelon, Traité de l'existence de Dieu] C'est une fumée qui s'élève et qui fait fuir les montagnes qui font le lointain [tableau du Poussin]. [Fénelon, t. XIX, p. 345] Les lointains de Vernet sont vaporeux, ses ciels légers. [Diderot, Salons de peinture] Sous l'arcade, un escalier qui conduit vers la rive du lac ; au delà, un lointain, une campagne. [Diderot, Salons de peinture]